vendredi 28 mars 2014

AUDIO: la mendicité vue par l'Islam

La mendicité est une pratique bannie par la religion musulmanne. cependant, elle est permise dans des cas de force majeurs. entretien avec Ababacar Cissé Diop, Imam à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

jeudi 27 mars 2014

Les télénovelas, une nouvelle forme de colonisation

Les télénovelas sont des feuilletons quotidiens des pays hispanophones et lusophones qui relatent une histoire sous une forme romanesque. Elles sont aujourd’hui devenues quasi permanente sur les télévisions sénégalaises. Ibrahima MBAYE dit « Sopé », membre du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), artiste, comédien, réalisateur, nous décrypte la question.
Quelle appréhension avez-vous de la diffusion des télénovelas par les télévisions sénégalaises ?
‘’Les Télénovelas sont des produits importés. (Cherche les mots). Sur le plan artistique et culturel je déplore ces produits. Parce que ce sont des produits qui ne parlent pas de nos réalités. Car ils  viennent du Brésil, du Mexique, de l’Espagne, entre autres. Ces pays ne sont pas forcement obligés de suivre notre culture. Donc les télénovelas ne nous interpellent pas directement mais on n’est obligé de suivre ce qu’ils nous montrent. Je pense que ce sont des choses qui ne nous parlent pas. Je suis à la limite aussi complexé sur ça. Parce qu’autant ces produits ne nous parlent pas, autant nos mamans, femmes, sœurs les aiment. C’est ça qui est paradoxal en fait et c’est aussi inquiétant. Pour remédier à cela j’opterais pour une multiplication des produits nationaux à la place des Télénovelas.’’


Quels impacts peuvent-elles avoir sur la société sénégalaise ?
«  Au Sénégal, là où ça peut poser des problèmes, c’est dans l’influence culturelle. Cela, dans la mesure où la télévision est un médium de communication extrêmement important. Et elle a une influence capitale. Ce qui veut dire qu’on peut voir par exemple une fille qui joue un rôle dans les télénovelas et nos jeunes filles, nos sœurs s’identifient à sa façon de s’habiller, sa façon de se comporter. Souvent, c’est des personnages qui n’existent pas, qu’on a créés. Ah ! Elle a porté une telle robe… Donc elles sont tentées par cette influence extérieure qui forcément va agir sur leur vie de tous les jours.»
Est-ce une aliénation culturelle ?
« Il y’a des séquences ou des scènes où c’est un peu osé. C’est pourquoi on ne peut pas les voir avec des enfants. Finalement c’est des choses comme ça qu’on laisse passer qui sont entrain d’être une autre forme de colonisation. En fait administrativement ils ne nous gèrent pas mais ils veulent nous coloniser culturellement. Et ça c’est extrêmement dangereux. »
Comment trouvez-vous l’importation de ces films au lieu de produire localement?
« Ce que je déplore, c’est que nos télévisions mettent énormément de moyens pour s’en approprier.  Au lieu de financer une production de troupes théâtrales comme « Soleil levant », « Djankhène » de THIES, « Arcot » de Dakar, etc, ils se permettent d’aller acheter des télénovelas qui coutent des millions. Des sous qu’ils pouvaient investir ici. Parce qu’au Sénégal il y a de la qualité. Il y a des gens qui font de très belles choses avec de maigres moyens. Par exemple les téléfilms nationaux produits en collaboration avec la RTS et d’autres organes de production. »
Est-ce-qu’il y a une bonne organisation  des acteurs pour faire de bonnes productions ?
« En fait une production est lourde et très compliquée. Et s’il n’y a pas d’argent, ça pose problème.  Là, c’est un premier point. L’autre, c’est qu’il n’y a pas de télévision, actuellement, qui produit des téléréalités. La RTS actuellement va au fur et à mesure vers la facilité. Parce qu’il ne faisait auparavant que de la captation c’est-à-dire tout ce faisait en studio. Donc le coût était moindre, ils dépensaient de mois en moins. Ensuite ils ont changé parce qu’à un certain moment par exemple, ils peuvent financer pour un téléfilm de 3 à 5 millions à une troupe qui fait son téléfilm. Ensuite on était arrivé au moment où il n’y a pas une politique culturelle. Ce qui fait qu’il y’a eu beaucoup de trouble aux théâtres. »
N’y a-t-il pas une prolifération de produits non professionnels ?
« Les gens veulent apparaitre à la télé et ils viennent avec leurs produits. C'est-à-dire maintenant les gens s’autoproduisent et en s’autoproduisant, on ne tient pas compte de la qualité de ce qu’on donne. Donc c’est eux qui financent, montent leurs projets et qui viennent donner ça directement à une télé. Et la télé n’hésite pas. Son problème était de sortir des millions pour produire un film. Maintenant on vient lui dire voila un produit fini que tu diffuse. La plupart du temps les gens ne se soucient de savoir si c’est de la bonne qualité ou pas. Ils mettent. Les producteurs cherchent des sponsors qui paient souvent 60%. Des fois ils ne donnent rien au producteur mais à la télé. Ce qui veut dire aussi que les télés s’adonnent à la facilité, parce qu’elles pensent que c’est la meilleure solution alors que cela les tue. »
Y a-t-il une réglementation de la production de films ?
« Avec les téléfilms nationaux, il faut des maisons de production. Chacun doit avoir son travail mais ici tout le monde produit. Cela est dû tout simplement à une absence de réglementation. Ici chacun fait ce qu’il veut. Quiconque peut se proclamer producteur, réalisateur, comédien ou distributeur. En fait on ne sait plus qui fait quoi. Mais il y a des maisons de production qui ont pour spécialité la production. »
Quelle importance peuvent constituer ces téléfilms ?
« Personnellement j’opte pour les téléfilms nationaux. Parce que d’abord c’est des films qui parlent de nos réalités. Et ce sont des produits qui nous appartiennent. Ils sont construits et consommés  dans notre pays. Aussi, ça va permettre aux jeunes comédiens sénégalais au moins d’acquérir une expérience ou d’avoir du travail. Donc l’argent qu’on va financer va rester ici. On va permettre à de jeunes comédiens de gagner du boulot, en même temps que des jeunes réalisateurs. Et cela va contribuer aussi à enrichir le théâtre sénégalais. Donc ne serait-ce ces raisons, moi j’opte entièrement pour que les produits nationaux soient privilégiés. »
Qu’est-ce qu’il faut faire pour promouvoir ce secteur ?

« Il va falloir aussi que les gens aillent se former sur les plans technique et artistique. Parce qu’on doit respecter le public et on ne doit pas l’offrir n’importe quoi. Il mérite le minimum de qualité possible. C’est un travail qu’on doit respecter. Donc cela veut dire que la production doit être accompagnée. Et  pour cela, il faut une très bonne subvention de la production. Au niveau de l’Etat, il faut avoir une politique culturelle qui permet à ces téléfilms de pouvoir se mesurer à d’autres. » 

Fatoumata Diango: une étoile des parquets

Fatoumata Diango est aujourd’hui l’une des meilleures basketteuses évoluant dans le championnat national. Elle aligne trophées et titres tout en restant modeste. Portrait d’une reine de la balle orange.
Avec son mètre soixante seize et ses soixante neuf kilos, Fatoumata Diango a fini de marquer de son empreinte les parquets du Sénégal. L’ailière du Dakar Université Club section basket est une fille à la démarche élégante. Elle est de teint clair, le visage allongé et le nez épaté. Elle est relaxe, décontractée et affiche de temps en temps un large sourire. Elle fixe son vis-à-vis droit dans les  yeux avec assurance. Et reste concentrée sur ce qu’elle fait. La native de Grand-Dakar est une fille taquine, qui aime bien chahuter. Elle porte sur ses larges épaules un raide cou qui supporte sa tête allongée. Les jambes assez longues pour parcourir le parquet de Marius Ndiaye et les bras bien droits pour assurer les shoots, Diango affiche une carrure d’athlète de haut niveau. Ses mains sont larges et développées pour bien manier la balle orange. Elle a débuté sa carrière de basketteuse à la Jeanne d’Arc de Dakar et passée au Jaraaf avant d’atterrir au Duc. La « duchesse » est décrite par son ancien coach, Magatte Diop, aujourd’hui chef du service des sports de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, comme « une joueuse qui a une bonne technique ». Surtout sur « les tirs à trois points » sur lesquels elle excelle. La championne d’Afrique de basket en 2009 est aussi une compétitrice qui « n’aime pas perdre ». Il lui arrive même « de pleurer quand son équipe perd un match ». « Quand elle n’est pas en forme, quand elle ne réussit pas ses tirs, elle se voit male, elle manque de sérénité ».Cependant, la « Reine du basket » de la saison 2012 est considérée comme une personne bien éduquée et respectueuse. « Elle sait développer les rapports humains et entretient de bonnes relations avec ses coéquipières ». La championne du Sénégal en titre reconnait avoir des fois quelques problèmes avec des coéquipières. Elle n’est pas contente  « quand on perd un match qu’on doit gagner ». La détentrice de la Coupe du Maire est qualifiée par Moustapha Gaye son ancien entraîneur en équipe nationale A de «très pugnace, très disponible et a un bon shoot ». Selon lui toujours, elle est « très disponible, tout le temps au service des autres ». Toutefois, elle reste modeste au regard de tout le bien qu’on dit d’elle. Pourtant dauphine de la « Reine du basket » en 2008, 2009, 2010 et en 2011 et « Reine » enfin en 2012, Diango dit qu’elle apprend toujours. Quand on lui demande ce qu’elle déteste le plus, elle répond « l’hypocrisie et le mensonge ». Par contre, la détentrice du trophée de meilleure réalisatrice reconnait avoir comme défaut « se fâcher vite ». Elle est téméraire. Même en dehors des terrains. La preuve, après avoir échouée deux fois au baccalauréat en 2009 et en 2010, elle parvient à décrocher le diplôme en se présentant comme « candidate libre » en 2013. Très soucieuse de son avenir, Fatoumata allie sport et étude. D’ailleurs, elle est en première année de licence en Gestion des ressources humaines (GRH) à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de Dakar.

Accusée d’être très gourmande, le vainqueur de la Coupe Arc-en-ciel 2013 éclate de rire avant de répondre en ces termes : « quand on s’efforce sur le terrain, on mange bien ». Son plat préféré est le riz à la viande.

Débuts d'un conflit fratricide ...

Jean Claude Marut, chercheur au CNRS, a exposé sur le thème « le conflit foncier et la crise politique en Casamance aux origines d’un conflit armé ». L’auteur du livre Conflit casamançais :ce que disent les armes était l’invité du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) à l’occasion de ses « carrefours d’actualité ».
Selon M. Marut, ce n’est pas le caractère traditionnel de la société qui est la cause du conflit, mais la négation de son existence politique par l’Etat. S’y ajoute la confiscation de terres au profit de promoteurs hôteliers et d’étrangers venus de l’intérieur du pays. Il note aussi l’inversion du flux migratoire avec la Casamance comme point de convergence.  Il a aussi fait remarquer le manque de relais de la contestation sur le plan politique. Il s’en est suivi ainsi une radicalisation de la lutte et la marche de décembre 1982 contre « la spoliation des terres ».

Cependant, il y aujourd’hui de nouveaux risques comme la pression démographique dans les grandes villes ou chefs-lieux. Le retour de réfugiés sur leurs terres d’origine peut également créer des problèmes. On peut aussi noter le risque lié à l’exploitation minière comme le zircon. L’Etat ayant cédé des terres à des sociétés étrangères pour l’exploitation de cette matière.